L’inégalité salariale dans le football 

Article : L’inégalité salariale dans le football 
Crédit: Creative Commons Zero, Public Domain Dedication
1 avril 2023

L’inégalité salariale dans le football 

Depuis plusieurs années maintenant le débat sur l’égalité des moyens investis entre football féminin et masculin fait couler beaucoup d’encre avec notamment des revendications de plusieurs figures du football féminin. Ce débat sur l’égalité des moyens dans le football féminin a vite viré sur un débat beaucoup plus contestable qui concerne l’égalité salariale entre les joueurs et les joueuses, entre propagande féministe et réalité économique, ce débat est-il vraiment pertinent ?

L’égalité salariale au sein du football masculin

Le débat sur les différences de salaires entre le football masculin et celui féminin repose en majorité sur le fait que le seul critère qui pourrait expliquer ces différences est un certain sexisme ou une misogynie de l’environnement du football. Cependant, en y regardant de plus près, on retrouve de grandes disparités salariales au sein du football masculin. Prenons par exemple la saison 2022-2023 en Ligue 1 Française, le joueur le mieux payé du championnat est Mbappe du PSG qui touche en moyenne 6 millions d’euros par mois. Alors que le salaire moyen brut à l’AC Ajaccio qui évolue dans le même championnat que le PSG est d’environ 20 000 euros brut.

Supporters de l’AC Ajaccio, le club ayant la plus faible masse salariale de Ligue 1 © Creative Commons Zero, Public Domain Dedication

Il existe pas moins de sept équipes sur la même saison en Ligue 1 qui ont un salaire moyen inférieur ou égal à 50.000 euros brut par mois. Les écarts au sein d’un des 5 grands championnats européens sont déjà énormes si on essaie d’aller encore un peu plus loin, on remarque très vite qu’il n’y a aucune constance et logique entre les salaires. De plus, les écarts entre les 5 grands championnats et le reste du monde sont très colossaux.

Les clubs de football étant des entités privées les salaires dépendent de la “taille” des clubs ainsi que des revenus qu’ils génèrent qui sont liés à la billetterie, sponsoring, droits TV… Le fait de parler “ d’égalité des salaires entre le football masculin et féminin” n’as pas de sens ou à minima est  très impertinente par ce que la disparité des salaires dans le football masculin est tellement grande que faire une moyenne de ces salaires pour l’utiliser en comparaison n’a aucune logique. Mais continuons de creuser le sujet et attaquons-nous aux autres formes de football.

L’égalité salariale entre le football masculin et les autres “footballs”

En plus du football masculin et celui féminin, le football en salle ou futsal (en partie) et le Beach soccer sont également gérés à l’échelle mondiale par la FIFA. Cependant, le débat sur les moyens ou encore le salaire des professionnels de ces deux autres disciplines en rapport avec ceux de leurs homologues du football masculin à 11 n’existe presque pas dans l’espace public. Il y a pourtant de très grandes inégalités de moyens et de revenues entre les joueurs professionnels de Beach soccer et ceux du football masculin à 11, les très gros salaires dans le futsal sont généralement entre 10 et 20 milles euros par mois la majorité des joueurs de haut niveau gagnant en fonction du club et du Pays entre 2 et 5 000 euros. L’égalité salariale entre le football masculin à 11 et les autres types de football est très grande et cette différence n’a rien avoir avec le sexe des participants.

Match de futsal entre la Finlande et l’Espagne ©Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

La différence salariale dans le football obéit tout simplement à une logique économique et de marché. Si les clubs de Beach Soccer et de futsal faisaient les mêmes audiences télé, la même billetterie, les mêmes contrats de sponsoring que le Bayern Munich par exemple, les salaires se rapprocheraient beaucoup plus.

Les salaires dans le football féminin

Pour rendre la comparaison plus honnête, nous allons prendre les salaires de la D1 Arkema (la première division féminine française) au cours de la saison 2022-2023 ; la joueuse la mieux payée du championnat est Marie-Antoinette Katoto du PSG qui touche environ 50.000 euros brut par mois, les 10 filles les mieux payés dans ce classement touchent entre 25.000 € et 50.000 euros bruts par mois. Ces salaires correspondent aux salaires des joueurs de plusieurs clubs de Ligue 1 chez les hommes. Évidemment que le salaire moyen des joueuses de D1 féminine est beaucoup moins élevé que celui des joueurs de Ligue 1 (D1 masculine), cependant cette comparaison est beaucoup biaisée, car il y a des salaires très élevés voire hors normes en Ligue 1 qui faussent énormément cette moyenne.

L’attaquante du PSG Marie-Antoinette Katoto est la joueuse la mieux payée de Division 1 © Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

De plus, lorsque l’on prend Ajaccio ou même le Stade de Reims dont le salaire moyen est approximativement de 33.000 euros bruts par mois, la question de la rentabilité ou de la production des joueuses les mieux payés de D1 par rapport à ceux du Stade de Reims se pose facilement. De façon plus explicite est ce que Marie-Antoinette Katoto rapporte “plus” que la moyenne des joueurs du Stade de Reims ? D’autant plus que l’écosystème des cinq grands championnats est très puissant.

La théorie selon laquelle il faut investir dans le football féminin ne tient pas vraiment puisque sans les investissements déjà présents, il serait difficile à des filles de toucher autant que des joueurs des plus grands championnats alors que ceux-ci rapportent beaucoup plus (droits TV, billetterie, …). Les joueurs de Reims par exemple font vendre généralement beaucoup plus de tickets (en nombres et en recettes) que le PSG féminin par exemple. Il y a déjà une véritable volonté de faire progresser le football féminin bien qu’il ne rapporte pas autant que le football masculin pour le moment.

Le cas des sélections

Il est important de faire une séparation entre les revenus des joueurs de foot en club et leurs revenus en sélection, car les employeurs des joueurs sont les clubs il n’y a qu’en club que les joueurs touchent un salaire, en sélection, ils ont souvent des primes de matchs. Les primes de matchs des sélections varient en fonction de chaque fédération et dans certains cas les primes de sélections sont versées par le ministère des Sports ou des entités étatiques. Dans le cas des sélections, il est donc plus logique de demander une égalité des primes entre les sélections masculines et féminines, car il n’y a pas de véritable logique économique en sélection surtout lorsque les primes sont payées par l’État.

Cependant, dans les sélections dont les primes sont payées par la Fédération, la logique est un peu différente. En effet, les moyens financiers de ces fédérations viennent des sponsors qui sont souvent liés aux joueurs ou aux performances des sélections masculines à quelques exceptions près. Mais de façon générale le débat sur les primes entre les sélections masculines, féminines ou même de Beach Soccer et de Futsal mérite d’être posé.

Sélection féminine du Brésil lors d un tournoi international ©Creative Commons Attribution-Share Alike 4.0

De la nécessité d’investir dans le football féminin

Au-delà du débat inutile sur l’égalité salariale entre les footballeurs et footballeuses, il ne faut pas oublier que le football féminin manque d’accompagnement surtout en termes d’infrastructures. De plus, de nombreuses joueuses ont du mal à vivre à temps plein de leur métier, il faudrait trouver un juste milieu pour permettre aux jeunes filles de pouvoir s’épanouir dans leurs passions surtout dans certains pays africains, asiatiques ou des caraïbes où l’accompagnement des filles est quasiment inexistant.

Voilà ce que j’avais à partager sur le faux débat de l’égalité salariale entre les joueurs et joueuses qui n’est en réalité qu’un autre exemple du discours féministe extrémiste ambiant. Cela n’enlève rien au fait que le football féminin ait besoin d’accompagnement tant en infrastructures qu’en ressources humaines pour faire évoluer cette discipline, mais jamais dans la comparaison avec le football masculin, car ce n’est presque pas le même métier.

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